JE M'EN ALLAIS AINSI...
Je m'en allais ainsi le long de ces mélèzes. Le soleil soulevait en riant les oiseaux. La colline sentait la framboise et la fraise. les ornières couraient au-devant des chevaux. Je n'avais dans la poche qu'un as de carreau, Une bille ébréchée et un petit caillou, Mais je chantais plus haut que le vent des mélèzes; Mon coeur, dans le soleil, tremblait comme un oiseau. Je sautais les fossées, je mordais dans les herbes, Je suivais les criquets et j'embrassais les gerbes, Ne sachant pas comment éteindre cette joie Qui me multiplait si singulièrement Que j'avais l'impression aiguë d'être à la fois La colline, l'oiseau, le mélèze et le vent. |
PLUIE DU BRABANT
Vas-y, pluie du Brabant, pleus tant que tu pourras! Il est bien assez d'herbe ici-bas pour te boire, De gorges de moineaux pour vider ton ciboire Et d'épis encor verts pour te sucer les doigts. Oui, pleus et pleus toujours! Tu ne sais pas assez Combien ta paume est douce à la pente des toits, Combien une gouttière adore couler droit pour mieux faire chanter le pavé qui lui plait. Oui, pleus et pleus encor! N'est-ce pas le soleil Qui porte la palanche où sont pendus tes seaux? Quand il t'aura versée sor l'orge et le méteil, Il faudra bien que tu reprennes ton manteau Et que tu la délaisses encor, ce Brabant Qui renverse ses nues ainsi que des corbeilles D'où tombent en grondant tant de milliers d'abeilles Que longtemps les hameaux en demeurent tintants. |